GUNZIG Thomas - Feel Good

Feel good est un roman de l’écrivain belge Thomas GUNZIG (1970-). Au Diable Vauvert, 2019, 399 pages.

📚 Au commencement…

C’est tout d'abord l’histoire d’Alice, mère célibataire qui se trouve dans une précarité financière invivable. C’est ensuite l’histoire de Tom, écrivain incompris à l’imagination fertile, mais dépourvu de la notoriété suffisante pour vivre de son art. C’est, surtout, leur rencontre autour d’un kidnapping, débouchant sur un improbable projet pour sortir de la précarité, au parfum très « feel good book ».

📚 Ce que j’en retiens...

Pépite belge de la rentrée littéraire 2019. Véritable satire sociale à la sauce Gunzig. A la fois cocasse, rythmé et déjanté, ce roman évoque avec justesse et réalisme toute une série de préoccupations fondamentales : la précarité des familles monoparentales, l’argent, la littérature, le statut d’écrivain, ainsi que l’effacement de la morale dans certaines situations désespérées. Bref, une révolte littéraire grandiose !

📚 Une citation soulignée...

« Il tenta de réfléchir comme s’il était un personnage de roman feel good. S’il était un personnage de ce genre de roman, son histoire commencerait juste maintenant, au moment où il croit que tout est perdu. Ce serait l’histoire d’un homme qui a touché le fond mais qui, en arrosant ses plantes, prend conscience que la vie vaut la peine d’être vécue ».

📚 Autour du roman…

Finalement, la réflexion sur le style « feel good book » est assez ironique et nébuleuse au sein du roman. L’auteur résuma son point de vue dans la presse : « une des caractéristiques du feel good, c’est qu’il ne remet pas en question le monde tel qu’il est, la société. (…). Ce qui me fait dire que le feel good est un peu réac, conservateur. On ne touche pas au monde, c’est toi qui dois changer, t’adapter. J’aime les romans révolutionnaires qui disent : ne change pas, change le monde » (Le Soir, 24 août 2019).

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VINAU Thomas - Fin de saison

 Fin de saison est un roman de l’écrivain français Thomas VINAU (1978-). Gallimard, 2020, 176 pages.

📚Au commencement…

Seul chez lui, alors que son épouse et ses enfants sont de sortie, un certain Victor se retrouve plongé dans un film catastrophe. La fin du monde semble être arrivée. Coupure d’électricité, bourrasques, orage, vitres qui éclatent, sans compter les oiseaux qui se fracassent sur les murs. En ayant tout juste le temps d’embarquer son grotesque kit de survie, son chien et son lapin, Victor se précipite dans sa cave pour y trouver refuge, solitude et boisson réconfortante…

📚Ce que j’en retiens...

Première rencontre avec l’auteur, assez décevante… Pourtant, avec cet anti-héros désabusé reclus au fond d’une cave, les ingrédients étaient réunis pour passer un moment noir, drôle, loufoque, philosophique.  Malheureusement, le personnage est une caricature et ses réflexions n’ont pas de véritable profondeur. Pire, sa grossièreté primaire gâche tout effet comique et lui enlève sa crédibilité. A moins d’aimer être au comptoir du bistrot pipi-caca-poils-dysenterie, l’on passera son tour…

📚Une citation soulignée...

« Y a ceux qui lisent la position du soleil dans le ciel et ceux qui lisent la position de leur cul sur la chaise, on a tous nos petits repères dans la grande jungle du jour ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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COETZEE J.M. - L'abattoir de verre

L’abattoir de verre est un roman/recueil de l’écrivain australien J.M. COETZEE (1940-). Editions du Seuil/Points, 2018, 113 pages.

📚Au commencement…

Élisabeth Costello, écrivaine, 2 enfants, prend conscience qu’elle arrive à l’automne de sa vie. Tout en défendant sa liberté et son autonomie dans la manière d’aller vers « une belle mort », elle souhaite transmettre le souvenir de sa préoccupation de justice envers les animaux. Les 7 fragments du roman, qui peuvent se lire de manière isolée, portent en symbiose les réflexions universelles du vieillissement, des inquiétudes familiales, de la souffrance, ainsi que du rapport entre existences humaines et animales.

📚Ce que j’en retiens...

Une prose distinguée, raffinée, épurée. Malgré la complexité des sujets évoqués, le texte fait l’objet d’une économie de mots et respecte l’espace du lecteur face à la gravité ambiante. La thématique animale peut s’appréhender comme réflexion commune au sujet de l’existence, du vivant, mais aussi comme métaphore de la gestion du vieillissement : le sort réservé à certains de nos aînés, loin des regards et des consciences, est-il plus enviable que celui d’un animal conduit vers l’abattoir ?

📚Une citation soulignée...

« La caméra, la nuit dernière, suivait sur le tapis roulant un petit poussin en particulier. « Alors voilà à quoi ressemble la vie ! » se disait-il. « Troublant, mais pas trop exigeant jusqu’à présent ». Deux mains le soulevaient, écartaient le duvet entre ses cuisses, le replaçaient sur le tapis roulant. « Que de tests ! » se disait-il. « J’ai l’impression que j’ai réussi celui-là ». Le tapis continuait de rouler. Courageusement il se laissait porter, affrontant l’avenir et tout ce que signifie l’avenir ».

📚Autour de l’œuvre…

J.M. Coetzee a reçu le prix Nobel de littérature en 2003.

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MOSHFEGH Ottessa - Nostalgie d'un autre monde

Nostalgie d’un autre monde est un recueil de nouvelles de l’écrivaine américaine Ottessa MOSHFEGH (1981-). Fayard, 2020, 322 pages.

📚Au commencement…

14 nouvelles qui mettent en scènes des personnages contemporains, tous plus en pièces les uns que les autres. C’est un aller-simple impitoyable vers ce que l’existence peut offrir en termes de solitudes, de frustrations, de pourrissements (littéralement) et de cheminements brisés. Il y a, cependant, des instants fugaces d’espoir, voire même de réconfort, avec la rencontre humaine comme fil rouge. Accidentels, provisoires, absurdes, ces instants laissent le gout amer de la nostalgie d’un autre monde.

📚Ce que j’en retiens...

Impressionnante découverte. Chaque nouvelle (+- 25 p.) est une pépite. C’est glauque, noir, scabreux, mais ça génère l’empathie et l’émotion tellement les personnages apparaissent profonds et impuissants. Ce réalisme social et incisif, ces déboires de tous genres, ces obsessions ratées de réconciliation avec le monde, ces possibilités avortées de l’amour, ont un parfum de désabusé à la Houellebecq, d’absurde à la Camus, de dégueulasse à la Bukowski, pour un résultat absolument savoureux.

📚Une citation soulignée...

« Maintenant qu’il traversait la pelouse de Central Park, John essayait de se remémorer le rythme précis des vagues qui s’abattaient sur la plage de l’île, l’odeur de l’océan, la magie et le danger qu’il avait senti couver sous la surface des choses. Or c’était impossible. Il était à New York. Et quand il y était, il n’y avait pas d’autres endroits sur terre. Il leva les yeux. La lune était un fin croissant, une virgule, un cil dans le ciel noir sans étoiles ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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de VILLIERS Pierre - Qu'est-ce qu'un chef ?

Qu’est-ce qu’un chef ? est un est un essai du général français Pierre de Villiers (1956-). Fayard/Pluriel, 2019, 267 pages.

📚Au commencement…

Après 43 années passées au service des armées françaises, le général de Villiers partage divers conseils en matière de gouvernance, d’exercice des responsabilités et de motivation d’équipes. Deux postulats sous-tendent ses réflexions. D’une part, le fait que la vie militaire offre de nombreux enseignements pour motiver et diriger efficacement dans les sphères civiles. D’autre part, l’importance du facteur humain, du lien social et de la confiance due à chaque personne, qu’il s’agisse de soi-même ou d’autrui.

📚Ce que j’en retiens...

Très synthétiques, proches de l’aphorisme, voire du commandement, les conseils de Pierre de Villiers contiennent néanmoins une profondeur et offrent une bouffée de bon sens. Le fil rouge très humaniste de l’ouvrage place le lecteur dans un climat de confiance, de bienveillance, pour prendre un peu de hauteur avec cet homme de terrain. Les réflexions s’inscrivent dans une interprétation des réalités et enjeux de notre époque, ce qui les rend très concrètes mais leur font perdre en neutralité politique.

📚Une citation soulignée...

« Le chef est un absorbeur d’inquiétude et un diffuseur de confiance ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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