L'Iris blanc est une bande dessinée de l'écrivain français FABCARO (1973-) et du dessinateur français Didier CONRAD (1959-). D'après René GOSCINNY (1926-1977) et Albert UDERZO (1927-2020). Hachette, 2023, 48 (126) pages.
C'est une bonne situation, ça, influenceur ?
Pour être honnête, je ne connais rien à Astérix en bande dessinée. Ma maigre culture se limite à Christian Clavier qui s'agite au milieu du désert et des charpentes. Par contre, je suis accro à l'univers littéraire de Fabcaro, alias Fabrice Caro. En bon consommateur de son humour empathique et absurde, je me suis donc jeté dans cette BD dont il est pour cette fois le scénariste.
Direction donc la Gaule, en 50 avant J.C. Malheureusement pour César, les troupes romaines sont démotivées. Elles désertent leur conquête du dernier village gaulois. Vicévertus, le médecin-chef des armées, a la solution pour leur redonner la fierté du combat : leur inculquer une pensée positive selon sa méthode de l'iris blanc. A coups de sourire charismatique et d'aphorismes bienveillants, Vicévertus commencera par influencer l'ennemi et tempérer son agressivité...
Astérix est d'abord du Astérix, et non du pur Fabcaro. Nous ne sommes donc pas vraiment dans l'univers absurde de cet auteur tel qu'on peut le connaitre mais davantage dans la caricature et la satire, à propos de nombreux sujets contemporains : évidemment la manipulation par des gourous du développement personnel, mais également les transports, les commerces, l'alimentation, les grandes villes, certaines chansons, ainsi qu'une bonne crise de couple entre Bonemine et Abraracourcix. C'est une plongée dans d'innombrables jeux de mots, tel que l'« esprit sain dans un porcin » au milieu d'une chasse aux sangliers devenus étonnamment positifs et affectueux. Tout cela donne un relief comique bien réussi à un scénario avant tout sérieux sur le fond : dépasser la naïveté et lutter contre un gourou influenceur qui neutralise ici la vigilance, la cohésion et l'authenticité de tout un village.
Les dessins sont beaux et remplis d'ambiances variées particulièrement bien colorées. Leur contenu alimente merveilleusement le scénario grâce à leur dynamisme, à certaines répétitions de cases fixes et à des visages remplis d'émotions. Aux cotés de ce Vicévertus très majestueux et parfois trop tête à claques, j'ai beaucoup apprécié le visage ronchon et désabusé d'Abraracourcix. Et, naturellement, Astérix et sa bonne moustache qui lui procure l'amusante détermination d'un scottish terrier, à défaut d’une présence plus marquée d’Idéfix.
Enfin, mention spéciale pour l'édition grand format et son irréprochable qualité. Elle est agréable au toucher, semble indestructible et contient, outre l'histoire et ses planches originales, des compléments sur le monde d'Astérix et sur la création de cet opus. Pour un amoureux du bon papier et néophyte de cette bande dessinée, cette édition fut un régal et très intéressante.
L'iris blanc est une BD drôle et intelligente, qui titille notre époque et apporte, par un humour touchant et satirique, une dose d'esprit critique face aux gourous miraculeux d'une certaine pensée positive. Les auteurs m'ont donné l'envie de découvrir les 39 tomes précédents d'Astérix, avant Fabcaro. Ma culture et surtout ma PAL les en remercient ;o)... il reste de la potion ?
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