31 décembre 2019

BEIGBEDER Frédéric - L'Homme qui pleure de rire

L’Homme qui pleure de rire est un roman de l’écrivain français Frédéric BEIGBEDER (1965-). Grasset, 2019, 317 pages. 

📚Au commencement…

Après avoir été actifs dans la publicité et dans la mode, Octave Parango écrit et lit désormais des chroniques humoristiques à la Radio « France publique ». Désabusé par l’omniprésence médiatique du rire et ses dérives, Octave passe une nuit blanche en plein Paris. Au petit matin, à l’heure de sa chronique, il improvise alors une « grève du rire » totalement inattendue.

📚Ce que j’en retiens...

L’histoire est moins élaborée que dans les deux autres aventures d’Octave Parango. L’intérêt du roman se trouve dans la réflexion politique sous-jacente, à savoir la tyrannie médiatique du divertissement et du rire obligatoires. Une réflexion intégrée dans un amas de thématiques beigbederiennes qui sentent un peu le réchauffé : le sens de la vie, la nostalgie des fêtes, la drogue, l’amour et le sexe... Le climat très autobiographique du roman estompe par ailleurs la frontière entre l’auteur et son personnage. 

📚Une citation soulignée...

 « Les hommes politiques se bousculent pour passer chez Cyril Hanouna sanas comprendre que bientôt, Cyril Hanouna prendra leur place. Le bouffon du Roi, c’est sain ; le bouffon qui devient Roi, c’est un nouveau système : le comico-populisme ».

📚Autour du roman…

L’œuvre est d’inspiration autobiographie. En effet, le 15 novembre 2018, sur France Inter, une chronique « vide » de Frédéric BEIGEBDER, improvisée et mal reçue par la production, a généré son licenciement. Par ce roman, L’auteur clôture une trilogie des aventures d’Octave Parango, personnage déjà rencontré dans 99 F/5,90€ (2000) et dans Au secours pardon/L’Idéal (2007).

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LITTLE Jonathan - Les bienveillantes

Les Bienveillantes est un roman de l’écrivain franco-américain Jonathan LITTLE (1967-). Gallimard, 2006, 1390 pages. Réédition en 2008 revue par l’auteur.

📚Au commencement…

Après la guerre, l’officier SS Maximilien Aue s’est exilé en France et s’est reconverti dans le secteur de la dentelle. Dans ces mémoires fictives, cet officier nous livre son vécu, sans pincettes, depuis le quotidien sur le front de l’Est jusqu’à la bataille de Berlin, en passant par son rôle dans la « solution finale ». Des mémoires fictives qui contiennent également la vie plus intime du Dr. Aue : son amour éconduit pour sa sœur jumelle, son homosexualité illégale, ainsi que ses réflexions philosophiques et juridiques.  

📚Ce que j’en retiens...

Outre son intérêt historique et romanesque, l’œuvre est intéressante pour toute personne qui s’interroge sur les fondements de l’Etat et du droit, ainsi que sur les mécanismes de l’obéissance et de l’institutionnalisation du Mal.  Un voyage mémorial difficile mais inoubliable. Le style est sensiblement diversifié. Certaines parties sont essentiellement très factuelles, techniques, procédurales, alors que d’autres s’inscrivent dans des atmosphères de poésie, de mélancolie et de romantisme.

📚Une citation soulignée...

« C’était cela que je ne parvenais pas à saisir : la béance, l’inadéquation absolue entre la facilité avec laquelle on peut tuer et la grande difficulté qu’il doit y avoir à mourir. Pour nous, c’était une autre sale journée de travail ; pour eux, la fin de tout ».

📚Autour du roman…

Le titre fait référence à l’Orestie (-458) d'ESCHYLE (-525 à -456). Par ailleurs, chacun des 7 chapitre fait référence à l’intitulé d’une musique/danse allemande. Pour ce roman, Jonathan LITTLE a reçu notamment le prix Goncourt (2006) et le Grand prix du roman de l’Académie française (2006).

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DUBOIS Jean-Paul - Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon est un roman de l’écrivain français Jean-Paul DUBOIS (1950-). Editions de l’Olivier, 2019, 244 pages.

📚Au commencement…

Paul Hansen est un homme ordinaire, qui partage une cellule de prison avec Patrick Horton, lequel est accusé d’avoir participé au meurtre d’un Hells Angel. Outre certains aspects de la cohabitation carcérale, le lecteur découvre, en rétroactes, l’histoire de Paul Hansen : sa relation avec son père (pasteur danois marié à une productrice de films pornographiques), sa vie passionnante d’ « homme à tout faire » au sein d’un immeuble résidentiel, ainsi que l’origine de son incarcération.  

📚Ce que j’en retiens...

J’ai découvert l’auteur, avec enthousiasme, à travers la lecture de son roman le cas Sneijder (2011).  Un enthousiasme un peu moins marqué lors de cette lecture. J’ai apprécié globalement, je me suis attaché au personnage ainsi qu’à son père pasteur, j’ai aimé l’atmosphère mélancolique, l’esprit d’humanité et de tolérance qui traverse l’œuvre (ainsi que son titre), mais je me suis régulièrement senti perdu lors de multiples digressions. 

📚Une citation soulignée...

« Cette manière si simple et tellement nordique qu’il avait de vous faire ressentir que tout ce qui nous entoure n’est que vie, que chaque chose a son sens et son prix, et qu’il suffit de prêter son attention et son regard pour comprendre que nous faisons tous partie d’une gigantesque symphonie qui, chaque matin, dans une étincelante cacophonie, improvise sa survie ».

📚Autour du roman…

Prix Goncourt 2019. 

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PEJU Pierre - L'œil de la nuit

L’œil de la nuit est un roman de l’écrivain français Pierre PEJU (1946-). Gallimard, 2019, 422 pages.

📚Au commencement…

Le roman fait état de la vie d’Horace W. Frink, de son enfance jusqu’à son dernier souffle. Un personnage qui, en parallèle de nombreux tourments personnels, se retrouva psychanalyste à New-York à l’entame du XXème siècle. Nous y découvrons son pèlerinage intellectuel, ses rencontres en Europe avec Sigmund Freud, son rôle dans l’importation américaine de la psychanalyse. Le tout, dans la complexité de la vie familiale et dans le tourbillon des angoisses existentielles les plus destructrices. 

📚Ce que j’en retiens...

Un style très agréable à lire. Le thème de la psychanalyse du XXème siècle est abordé de manière passionnante, mais constitue, finalement, qu’une sorte de terreau.  Un simple terreau pour édifier un roman profondément humain. En effet, à travers le parcours tourmenté de Frink, l’auteur appréhende avec émotion une multitude de préoccupations que chaque personne peut rencontrer, tôt ou tard, de près ou de loin, dans son existence. Ce qui fait de L’œil de la nuit un véritable roman universel. 

📚Une citation soulignée...

« Il s’agit d’un combat avec les démons, Frink, chacun les siens. Il y a la douleur, la peine, les tourments. Ce que nous découvrons, c’est que l’enfer est le plus banal, le plus quotidien des séjours. Pas besoin d’être mort ! Pas besoin d’y aller : l’enfer est portatif. Et ce que les damnés les plus mal en point viennent demander aux psychanalystes, c’est juste de souffrir un peu moins pendant l’infernal séjour. C’est-à-dire l’existence. ».

📚Autour du roman…

Horace Frink (1883-1936) a réellement existé. Il s’agit d’un pionner de la psychanalyse aux Etats-Unis, personnage au potentiel romanesque qui a donc inspiré Pierre PEJU pour L’œil de la nuit.

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BATHOLEYNS Gil - Deux kilos deux

Deux kilos deux est un roman de l’historien-écrivain belge Gil BARTHOLEYNS (1975-). JC Lattès, 2019, 439 pages.

📚Au commencement…

En Wallonie, en pleine saison hivernale, l’inspecteur-vétérinaire Sully J. Price est chargé de mener un contrôle de bien-être animal au sein d’une exploitation agricole de volailles. L’inspecteur réalise son enquête à travers la vie quotidienne du village, au fur et à mesure des rencontres, discussions et tempêtes de neige, jusqu’à ce que la vie humaine se confronte à la vie animale. Une investigation dans la vie quotidienne qui rendra cette enquête professionnelle synonyme de quête personnelle.

📚Ce que j’en retiens...

Un roman extrêmement intéressant avec une atmosphère singulière, doublement exigeant. Exigeant tout d’abord sur le plan du bien-être animal, car le lecteur est transporté dans de profondes considérations scientifiques, économiques et philosophiques. Exigeant ensuite sur le plan linguistique, car l’auteur utilise régulièrement des termes inhabituels dont le sens n’apparait pas intuitivement. Globalement, une œuvre audacieuse dont le lecteur sort questionné, grandi et enrichi. 

📚Une Une citation soulignée...

« Sully lui apprenait que certains groupes d’influence cherchaient à remplacer le bien-être par la bientraitance, pour déplacer de l’animal à l’éleveur la condition morale de l’élevage, et ça commençait à porter ses fruits. Il suffirait de ne pas être cruel pour être hors de cause, d’être de bonne volonté pour que cela fût bon ».

📚Autour du roman…

Bien que fictif, le roman est extrêmement bien renseigné quant au contexte juridique de la Wallonie en matière de bien-être animal. En effet, de nombreux faits évoqués sont réels : Code wallon du bien-être animal (p. 152), charte avec la Fédération de la viande (p. 203), détails de l’organisation administrative (p. 299), compétence des bourgmestres pour saisir des animaux (pp. 301-302), permis de détenir des animaux pouvant être retiré en cas d’infraction au bien-être animal (p. 369), etc. 

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BEIGBEDER Frédéric - 99 francs

99 F est un roman de l’écrivain français Frédéric BEIGBEDER (1965-). Grasset, 2001, 282 pages.

📚Au commencement…

Octave Parango est un créatif, dans une agence de publicité. En crise progressive de dégout face à son travail et à sa vie, Octave patauge dans un projet commandé par un client essentiel : la Société Madone et son produit Maigrelette. En filigrane, Octave tente de gérer de profondes désillusions amoureuses. Entre les réunions absurdes et les tournages grotesques, dans le quotidien désabusé d’Octave chaque intention peut avoir des effets inattendus... 

📚Ce que j’en retiens...

Un moment de lecture mémorable. Des pages dynamiques, cinglantes, où l’humour et le cynisme provoquent finalement une réflexion politique et morale. Certaines scènes d’absurdité professionnelle sont transposables à d’autres secteurs que la publicité. La crise d’Octave est celle vécue par de nombreux employés, en recherche de sens. A cela, s’ajoutent des considérations sur l’amour et l’amitié, qui rapprochent le personnage élitiste d’Octave du consommateur lambda de notre époque. 

📚Une citation soulignée...

« Je vous drogue à la nouveauté, et l’avantage avec la nouveauté, c’est qu’elle ne reste jamais neuve. Il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas ».

📚Autour du roman…

L’œuvre est d’inspiration autobiographique. Frédéric BEIGBEDER travaillait lui-dans un groupe mondial de la publicité. Véritable témoignage, le roman provoqua le licenciement pure et simple de son auteur. 

Par ailleurs, le roman a été merveilleusement adapté en film (99 francs) par Jan KOENEN, dans lequel Jean DUJARDIN incarne le personnage déjanté d’Octave. 

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LEROY Myriam - Les yeux rouges

Les yeux rouges est un roman de l’écrivaine belge Myriam LEROY (1982-). Seuil, 2019, 188 pages. 

📚Au commencement…

Le roman concerne l’histoire d’une femme journaliste, dont nous ignorons le prénom, qui est contactée sur les réseaux sociaux par un certain Denis. La prise de contact tourne rapidement en harcèlement, manipulation et diffamation. La narratrice se retrouve mise en pièces : solitude, désarroi, détresses psychologique et physique. Quelle solution peut-elle mettre en œuvre pour arrêter le processus, pour se sortir de la dynamique insidieuse de la manipulation publique ?

📚Ce que j’en retiens...

Une lecture qui a provoqué chez moi d’abord de l’empathie, ensuite de la colère. D’abord de l’empathie, au fur et à mesure des souffrances et de la solitude subies par la narratrice. Ensuite la colère, jusqu’aux dernières pages du roman, face aux proches qui culpabilisent, face à la Justice qui ricane, face à l’incompréhension incessante, face à tous les « Denis(e) » qui nous entourent. Un roman d’utilité publique, dans un monde où le lien social se digitalise, s’expose et se (dis)like de plus en plus. 

📚Une Une citation soulignée...

« J’ignorais qu’il existait des organismes vivants à ce point tenaces, dans la convoitise comme dans la haine, que je ne pouvais me fier au bon vieil adage « don’t feed the troll », que je ne pouvais me fier à rien du tout en fait et qu’il n’y avait pas d’or à la banque ».

📚Autour du roman…

Myriam LEROY est elle-même journaliste. 

A la source du roman se trouve un véritable témoignage personnel. 

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BARJAVEL René - La Nuit des temps

La Nuit des temps est un roman de l’écrivain français René BARJAVEL (1911-1985). Pocket, 1968, 410 pages. 

📚Au commencement…

Le Dr. Simon fait partie d’une équipe scientifique. Lors d’une mission de routine en Antarctique, un improbable signal radio est perçu par hasard, lequel trouve sa source à environ 900 mètres sous la glace. L’expédition mène alors à la découverte d’un « trésor » inestimable pour l’Humanité… à la condition que chacun se montre responsable et que les bonnes décisions soient prises. 

📚Ce que j’en retiens...

Roman addictif et passionnant vu ses thématiques universelles. La Science, l’Amour, la Politique, l’avenir de l’Humanité. Une œuvre rédigée au XXème siècle mais qui est directement en lien avec des questions actuelles, notamment les discussions internationales en matière politique climatique, l’esprit contestataire d’une certaine jeunesse, les ferveurs populaires causées par les médias de diffusion massive, ainsi que certaines questions sociales dont celle du revenu universel. 

📚Une citation soulignée...

 « Nous avons quelque chose en commun qui est plus fort que nos différences : c’est le besoin de connaître. Les littérateurs appellent ça l’amour de la science. Moi, j’appelle ça la curiosité. Quand elle est servie par l’intelligence, c’est la plus grande qualité de l’homme. Nous appartenons à toutes les disciplines scientifiques, à toutes les nations, à toutes les idéologies. Vous n’aimez pas que je sois un Russe communiste. Je n’aime pas que vous soyez de petits capitalistes impérialistes lamentables et stupides, empêtrés dans la glu d’un passé social en train de pourrir. Mais je sais, et vous savez que tout ça est dépassé par notre curiosité. Vous et moi, nous voulons savoir. Nous voulons connaître l’humanité dans tous ses secrets, les plus grands et les plus petits. Et nous savons déjà au moins une chose, c’est que l’homme est merveilleux, et que les hommes sont pitoyables, et que chacun de notre côté, dans notre morceau de connaissance et dans notre nationalisme misérable, c’est pour les hommes que nous travaillons. Ce qu’il y a à connaître ici est fantastique. Et ce que nous pouvons en tirer pour le bien des hommes est inimaginable. Mais si nous laissons intervenir nos nations, avec leur idiotie séculaire, leurs généraux, leurs ministres et leurs espions, tout est foutu ! ».

📚Autour du roman…

En épigraphe, René BARJAVEL mentionne le réalisateur André CAYATTE comme « père de ce livre et inspirateur de cette aventure ». Après ma lecture, j’ai lu que l’histoire serait potentiellement inspirée du roman La Sphère d’Or (1925) de l’écrivain australien Erle COX (1873-1950). Si l’inspiration ou les coïncidences ne sont pas synonymes de plagiat, ces liens restent troublants et intéressants. 

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HEMINGWAY Ernest - Le vieil homme et la mer

Le vieil homme et la mer est un roman de l’écrivain américain Ernest HEMINGWAY (1899-1961). Gallimard, 1952, 179 pages.

📚Au commencement…

Santiago est un vieux pêcheur, qui ne parvient plus à ramener le moindre poisson au port. Un jour, il repart seul en mer, jusqu’à ne plus percevoir la moindre terre. D’un coup de chance, bien que physiquement diminué et dans une profonde solitude, il démarre une lutte courageuse pour pêcher un extraordinaire espadon, mais également pour vaincre d’autres créatures marines souhaitant mettre à mal les fruits de sa détermination. 

📚Ce que j’en retiens...

D’apparence, une histoire assez courte et simple, qui se lit facilement. L’intérêt est en revanche beaucoup plus profond si l’on souhaite donner un sens figuré à cette œuvre. L’on découvre alors une morale percutante de la détermination, du courage et de la solitude face à l’absurde.  Un texte qui peut devenir un refuge en cas de coup dur, pour se réconforter en compagnie du vieux Santiago. 

📚Une citation soulignée...

« Il embrassa la mer d’un regard et se rendit compte de l’infinie solitude où il se trouvait. Toutefois il continuait à apercevoir des prismes dans les profondeurs ténébreuses. La ligne s’étirait à la proue ; d’étranges ondulations parcouraient l’eau calme. Les nuages se portaient à la rencontre des alizés. En avant de la barque, un vol de canards sauvages se découpait contre le ciel ; il disparut, puis reparut, et le vieux sut que nul n’est jamais complètement seul en mer ».

📚Autour du roman…

Deux ans après la parution de ce roman, en 1954, l'auteur obtenait le prix Nobel de Littérature. 

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ASIMOV Isaac - Face aux feux du soleil

Face aux feux du soleil est un roman de l’écrivain américain Isaac ASIMOV (1920-1992). J’ai Lu, 1957, 309 pages.

📚Au commencement…

Le Terrien Elijah Baley est envoyé sur la planète Solaria afin d’enquêter sur un meurtre. Avec son comparse Daniel R. Olivaw, ils découvrent que les solariens ne se rencontrent pas physiquement mais interagissent uniquement à distance en se « visionnant ». Plus inquiétant, ils découvrent une population disproportionnée de robots au service de la volonté des hommes. Des circonstances qui impliquent de mener une enquête stratégique en relativisant les évidences des solariens. 

📚Ce que j’en retiens...

Outre l’enquête en fil rouge, le roman porte évidemment à réfléchir sur la cohabitation des hommes avec des robots de plus en plus développés. Des robots toujours logiques mais auxquels l’intelligence continue à faire défaut, ce qui permet nécessairement leur instrumentalisation à des fins potentiellement discutables. Un problème au sujet duquel, in fine, l’humanité doit se positionner. 

📚Une citation soulignée...

« Nous sommes comme les Solariens, mais à rebours. Eux, ils se sont retirés dans leur isolement les uns des autres. Nous, nous sommes isolés du reste de la Galaxie, par notre volonté propre. Ils ne peuvent aller au-delà de leurs domaines inviolables. Nous ne pouvons aller au-delà de nos cités souterraines. Ce sont des Généraux, sans troupes, avec juste des robots, qui ne peuvent pas répondre. Nous sommes des Troupes sans généraux, avec juste des cités où nous nous murons par peur du dehors ».

📚Autour du roman…

Il s’agit d’une suite au roman du même auteur Les cavernes d’acier

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REINHARDT Eric - Existence

Existence est un roman de l’écrivain français Éric REINHARDT (1965-). Gallimard, 2004, 272 pages.

📚Au commencement…

Jean-Jacques Carton-Mercier est l’archétype d’un cadre supérieur fier et méprisant, qui se rend détestable vis-à-vis de ses collègues, de sa famille, de son prochain. Tout bascule à cause de l’achat d’un simple Bounty. Licencié et abandonné par sa famille, il doit alors faire face à une série de catastrophes. Sa certitude de supériorité se retrouve alors mise en doute par une découverte insupportable : il n’est qu’une représentation dérisoire dans l’esprit et le jugement des autres.

📚Ce que j’en retiens...

Une satire sociale avec un énorme potentiel philosophique et humoristique, qui est un peu malmenée en lisibilité vu l’approche utilisée par l’auteur : absence de chapitres, de sauts de pages et de silences, citations régulières de Wittgenstein, etc. Une fois la lecture terminée, cette approche de forme apparait néanmoins tout à fait cohérente. Ce texte brut, assez confus et d’un humour désabusé, est finalement à l’image des pensées et de l’existence de son héros, ce qui offre une immersion parfaite. 

📚Une citation soulignée...

« Un hélicoptère survole la ville. Deux lumières rouges clignotent sur sa carlingue en alternance. Sa trajectoire est aussi forte qu’une destinée qui s’accomplit. J’en suis là. Envier aux hélicoptères la rigueur de leur cap. ».

📚Autour du roman…

RAS.

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SCHMITT Eric-Emmanuel - L’Evangile selon Pilate

L’Evangile selon Pilate est un roman de l’écrivain français E.-E. SCHMITT (1960-). Albin Michel, 2000, 284 pages.

📚Au commencement…

L’histoire contient 2 parties. D’une part, en tant que prologue, l’Incarnation. L’on y découvre le témoignage de Yéchoua, de son enfance jusqu’à sa condamnation à mort, en passant par son pari de croire qu’il est le fils de Dieu sur Terre. D’autre part, de manière plus substantielle, la Résurrection. L’on y découvre la manière par laquelle Ponce Pilate mène l’enquête quant à la prétendue Résurrection de Yéchoua, afin de maintenir l’ordre, le pouvoir romain, ainsi que le règne de la Raison.

📚Ce que j’en retiens...

Par la simplicité de son écriture et l’humanité de son contenu, le roman atteint son objectif : rendre la figure de Jésus proche et intime. Le prologue réussit le pari, à travers une histoire extrêmement concrète, de synthétiser progressivement et de manière limpide la spiritualité chrétienne.  Les événements de la Résurrection sont quant à eux brillamment soumis à un conflit entre le Cœur et la Raison, à travers l’enquête quasi-policière et les méditations personnelles de Ponce Pilate. 

📚Une citation soulignée...

« - Ton fils aîné est mort ? Aime-le encore plus. Et surtout aime les autres, ceux qui te restent, et dis-le-leur. Vite. C'est la seule chose que nous apprend la mort : qu'il est urgent d'aimer. ».

📚Autour du roman…

Le roman est suivi d’un petit texte intitulé Journal d’un roman volé. L’on y découvre que la première version du roman (10 ans de travail) a été dérobée et que l’auteur a dû réécrire son œuvre. Certains objectifs et choix romanesques (parfois surprenants et inattendus, comme le pari de Yéchoua ou le rôle de Yehoûdâh) y sont expliqués ainsi que divers aspects théo-philosophiques en lien avec le roman. 

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SCHMITT Eric-Emmanuel - Journal d'un amour perdu

Journal d’un amour perdu est un roman de l’écrivain français E.-E. SCHMITT (1960-). Albin Michel, 2019, 251 pages.

📚Au commencement…

Eric-Emmanuel SCHMITT apprend le décès inopiné de sa maman. Par ce roman, qui est comme son titre l’indique un journal, l’auteur utilise l’écriture pour surmonter sa tristesse et avancer dans son travail de deuil. Outre les aspects factuels et familiaux de l’histoire, nous y découvrons l’évolution spirituelle de l’auteur, qui s’efforce de dépasser la tristesse pour remplir son devoir de bonheur.

📚Ce que j’en retiens...

Ce journal contient un puissant chemin de vie, qui délivre un témoignage pouvant parler à toute personne qui a perdu irrémédiablement un être cher.  Un témoignage raconté avec des mots simples, percutants, rempli d’émotions. En filigrane du cheminement spirituel de l’auteur, des références philosophiques se devinent (Stoïcisme, Spinoza, Bouddhisme, la question de la foi…). Elles ne sont pas artificiellement développées, ce qui préserve la crédibilité, l’authenticité et la parfaite accessibilité de ce journal. 

📚Une citation soulignée...

« Le chemin du deuil amorce un grand virage lorsque la joie succède à la tristesse : on se réjoui de la vie d’un être au lieu de se lamenter sur sa mort ».

📚Autour du roman…

RAS.

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BARBERY Muriel - L'élégance du hérisson

L’élégance du hérisson est un roman de l’écrivaine française Muriel BARBERY (1969-). Gallimard, 2006, 410 pages. 

📚Au commencement…

Renée Michel, veuve de 54 ans, est concierge dans une résidence bourgeoise. Extrêmement cultivée et amoureuse de la langue française, elle s’efforce de rester fidèle à l’image inférieure que la haute société peut avoir d’une simple concierge. Deux rencontres vont chambouler sa solitude. Celle de Paloma, une enfant de l’immeuble désabusée par l’absurdité de l’existence, ainsi que celle de Kakuro Uzo, un nouveau résident érudit qui sera vite interpellé par le nom du chat de Renée : Léon. 

📚Ce que j’en retiens...

Un roman qui plaît à travers l’originalité et l’humanité de ses personnages. Tout d’abord Renée, isolée dans sa culture et dans son intelligence, ensuite Paloma, perdue dans ses angoisses existentielles et familiales, et enfin Kakuro, avec l’aura de sagesse et d’élégance qui émane de ses apparitions. Un choc intéressant de rencontres, qui défie les générations et les classes sociales. Pour le surplus, le roman est un très bel hommage à l’Art, à la Langue française, à la Culture et à la Beauté parfois cachée du monde. 

📚Une citation soulignée...

« Madame Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est hardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’impression qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes ».

📚Autour du roman…

Le roman a reçu de nombreux prix. En 2009, il fut adapté en film (« Le Hérisson »), par Mona HACHACHE, dans lequel Josiane BALASKO joue le rôle de Renée Michel.

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30 décembre 2019

GRIMWOOD Ken - Replay

Replay est un roman de l’écrivain américain Ken GRIMWOOD (1944-2003). Editions du Seuil, 1988, 432 pages.

📚Au commencement…

Alors qu’il est au téléphone avec son épouse, Jeff Winston perd subitement la vie. Une mort très concrète, puisqu’il se retrouve, avec stupéfaction, réincarné dans son propre corps 25 ans plus tôt. Qui plus est, avec les souvenirs de son ancienne vie et des événements à venir. En pleine solitude, tout est donc à recommencer, changer, dissimuler, améliorer. De surcroît, il découvre qu’un cycle infernal est activé, le faisant mourir à chaque année 1988 et reprendre systématiquement vie dans son passé...

📚Ce que j’en retiens...

Une lecture violente sur le plan existentiel. Elle condamne à regarder sa propre vie dans le rétroviseur tout en rappelant l’inéluctable horizon. Par la succession de ses vies, Jeff empruntera des chemins divers et variés, avec mélancolie et quelques complicités de passage.  Au final, chacun se fera un avis sur la question de savoir si changer de chemin rend la destination meilleure, ou simplement différente. Quoi qu’il en soit, ce roman livre une fiction surprenante qui soulève de grandes questions universelles.  

📚Une citation soulignée...

« Il espérait faire apparaître et communiquer une sorte de sympathie universelle, une étincelle de compréhension née de cette forme d'exil auquel nous sommes tous soumis, et que Jeff ressentait avec beaucoup plus d'intensité que quiconque ; l'inéluctable disparition des années que nous avons vécues et dépassées, des êtres que nous avons été, de ceux que nous avons connus et perdus à jamais ». 

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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