HENRION Fabien - Plunk

Plunk est un roman de l’écrivain français Fabien HENRION. Plon, 2020, 213 pages.

📚Au commencement…

Henry Plunk est un richissime galiériste, qui exerce son activité à travers le monde. Alors qu’il doit se rendre à une vente importante, il est victime d’un grave accident de train. Il se retrouve coincé dans les décombre ferroviaires avec le visage d’un voyageur décédé comme seul interlocuteur. Livré à lui-même, face à l’imminence de la mort, Plunk tombe dans des pensées mélancoliques liées à son enfance, à ses parents, remettant par là son existence en perspective.  

📚Ce que j’en retiens...

Le roman est plaisant à lire et invite à réfléchir sur la futilité d’un certain mode de vie, ainsi que sur le rôle spirituel de l’art et sa perversion par le marché. Au fur et à mesure des chapitres, l’on s’associe à la mélancolie vécue par Plunk, à ce retour en enfance qui contraste significativement avec les nombreux flash-backs dans sa vie mondaine et arrogante d’adulte tout puissant. Le roman est néanmoins assez bref, peut-être un peu trop pour tenir toutes ses ambitions et promesses. 

📚Une citation soulignée...

« Harry sait maintenant qu’il a fui son passé de peur d’y suffoquer. Il a voulu croire que l’art pouvait le sauver. Les artistes réussissent parfois ce miracle. Eux seuls savent qu’à l’intérieur des pierres se cachent des licornes, des baisers, de la lave. Seuls les artistes sont assez fous pour croire ça. Mais l’art n’est pas une foire. L’art, c’est la seule manière de se retrouver aux premières heures du jour quand la vie n’est pas encore une dette. Harry le comprend dans ce train. Mais c’est trop tard ».

📚Autour du roman…

RAS.

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SHARPE Tom - Wilt 2

Wilt 2 est un roman de l’écrivain britannique Tom SHARPE (1928-2013). Edition du Sorbier, 10/18, 1979, 317 pages. 

📚Au commencement…

Une nouvelle histoire du loufoque Henry Wilt, professeur désillusionné de culture générale dans l’enseignement technique, devenu responsable de son Département. Des quadruplées sont nées de son union avec Eva et ils habitent désormais une spacieuse maison dans un quartier enviable. Ce quotidien est bousculé lorsqu’Henry découvre que l’un de ses collègues a tourné un film zoophile avec un crocodile et que son épouse a décidé d’accueillir une jeune allemande au pair sous leur toit…. 

📚Ce que j’en retiens...

Henry Wilt s’embarque dans une nouvelle série interminable de catastrophes et de malchances, percutant au passage tout ce qui a de plus pénible dans son existence. Une suite dans la droite ligne de l’esprit loufoque et burlesque du premier opus, mais qui tirent un peu en longueur par certains moments, après un début de roman plus rapide. Nous le retrouvons, finalement, à nouveau en duel face à l’inspecteur Flint eu égard à la disproportion terroriste que prennent les événements. 

📚Une citation soulignée...

 « Mettons bien les choses au point une fois pour toutes, dit-il. Vous considérez qu’il est absolument de votre devoir d’enseignant de Culture Générale d’apprendre à des apprentis l’enculage maoïste-marxiste-léniniste ou tout autre-iste de votre choix, par crocodile interposé ? »

📚Autour du roman…

Le roman est le deuxième d’une série : Wilt  (1976), Wilt 2 (1979), Wilt prend son pied (1985), Wilt 4 (2004) et Wilt 5 (2010).  

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SHARPE Tom - Wilt

Wilt est un roman de l’écrivain britannique Tom SHARPE (1928-2013). Edition du Sorbier, 10/18, 1976, 286 pages.

📚Au commencement…

Henry Wilt, humble professeur de culture générale dans l’enseignement technique, est désabusé. Sa vie conjugale n’est pas non plus de nature à l’enthousiasmer puisque son épouse, Eva, est totalement blasée et le tyrannise avec des exigences domestiques de tous genres. Alors qu’il promène son chien, Wilt imagine un plan improbable pour s’offrir un nouvel élan : assassiner son épouse. Un plan dont la réalisation fictive, sous l’effet du gin et avec une poupée gonflable, ne laissera personne indemne…

📚Ce que j’en retiens...

Un roman totalement déjanté, qui procure du rire de la première à la dernière page tant le déroulement des événements est loufoque, absurde, burlesque. De surcroit, au-delà du rôle d’éprouvé et malchanceux, le personnage d’Henry Wilt se révèle finalement très salvateur. Sa cocasserie met en lumière et raille la violence de la machine sociale dans laquelle chaque être humain doit tenter de (sur)vivre.

📚Une citation soulignée...

« Dix ans de Plâtre 2 et de rencontre avec la barbarie lui avait au moins appris qu'il n'existait pas de réponse à toutes les questions et que la teneur de la réponse importait peu du moment qu'on la donnait avec conviction. Au XIVe siècle, on lui aurait dit que cette idée venait du diable. Dans le monde post-freudien d'aujourd'hui, on appelle ça complexe ou, pour être tout à fait moderne, déséquilibre hormonal. Dans cent ans, on donnerait une toute autre explication encore. Réconforté à l'idée que la vérité d'un jour fait la risée du lendemain et que ce qu'on pense ne compte tant qu'on agit pour le mieux, Wilt finit par s'endormir. ».

📚Autour du roman…

Le roman a été adapté en film (1989), ainsi qu’en bande-dessinée (1990). Il est le premier d’une série : Wilt 2 (1979), Wilt prend son pied (1985), Wilt 4 (2004) et Wilt 5 (2010).

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KHADRA Yasmina - Le sel de tous les oublis

Le sel de tous les oublis est un roman de l’écrivain algérien Yasmina KHADRA (1955-) Julliard, 2020, 255 pages.

📚Au commencement…

Adem est instituteur dans l’Algérie des années 60. Sa vie s’écroule lorsque son épouse ose le quitter. Pour absorber le choc, Adem s’en va errer à travers l’Algérie. Egocentré, misanthrope et noyé par l’alcool, il ne peut supporter les rencontres moralisatrices qui jalonnent son chemin. Jusqu’au jour où son cœur croise Hadda, fidèle épouse d’un fermier infirme en conflit avec un tyrannique commissaire politique. Un climat d’ignorance et d’injustice dans lequel les démons d’Adem devront trouver place…

📚Ce que j’en retiens...

Une histoire relativement originale et prenante, grâce à des personnages atypiques et une diversité de situations insoupçonnées qui dynamisent l’aventure. En fil rouge, l’attitude et le cheminement d’Adem illustrent une ingérable frustration face à la lucidité que nous ne maîtrisons finalement rien ni personne. Le contexte historique et géographique de l’histoire renforce la profondeur de ce questionnement entre le bien et le mal, l’acceptation et la violence, l’érudition et l’ignorance.

📚Une citation soulignée...

« Le guerrier n'est pas celui qui part à l'assaut, un sabre à la main, haj Menouar. Le guerrier, le vrai, est celui qui met ses pas dans la marche de son temps, un livre sous le bras. Car l'ennemi implacable, l'ennemi de toujours, l'ennemi commun est l'ignorance ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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de FUNES Julia et BOUZOU Nicolas - La comédie (in)humaine

La comédie (in)humaine est un essai de la philosophe française Julia de FUNES et de l’économiste français Nicolas BOUZOU. Editions de l’Observatoire/J’ai Lu, 2018, 189 pages.

📚Au commencement…

Les auteurs constatent une crise dans le monde de l’entreprise. Une crise découlant de dérives managériales bureaucratiques, qui ont pour priorité de cadenasser les salariés dans des process, les occuper avec des réunions inutiles, les envoyer en formations infantilisantes, les contrôler à l’aide de pointeuses obsolètes, tout en les exhortant à se montrer heureux du matin au soir. L’entreprise serait devenue une vraie comédie, à fois inhumaine et totalement inadaptée à l’économie de notre époque.

📚Ce que j’en retiens...

L’originalité de l’ouvrage est d’appliquer concrètement, sur le plan de l’entreprise du XXIème siècle, des apports intellectuels de toutes époques (Socrate, Kant, Hegel, Comte, Nietzsche, Weber, Arendt…). Ces apports font office de marteaux. D’une part, pour démolir avec un amusant sarcasme certaines dérives managériales à la mode mais jugées nuisibles. D’autre part, pour édifier le gros œuvre d’un management plus efficace, recentré sur la confiance, le courage, le sens et l’amour du travail bien fait.

📚Une citation soulignée...

« Les salariés subissent des pressions économiques, leurs objectifs sont difficilement atteignables, certains managers sont mauvais et les process sont lourds. Les collaborateurs devraient donc se débattre dans cette injonction paradoxale : se montrer heureux bien qu’archi-stressé et entravés dans leurs initiatives. L’infrastructure économique du XXIe siècle exige de conférer aux salariés de l’autonomie au sein d’organisations simples, souples et qui font sens. Dirigeants : commencez par là. »

📚Autour de l’œuvre…

Présentation en vidéo par l’un des auteurs, qui résume le fond et l’ambiance du propos : https://www.dailymotion.com/video/x6tjltd

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GUNZIG Thomas - Feel Good

Feel good est un roman de l’écrivain belge Thomas GUNZIG (1970-). Au Diable Vauvert, 2019, 399 pages.

📚 Au commencement…

C’est tout d'abord l’histoire d’Alice, mère célibataire qui se trouve dans une précarité financière invivable. C’est ensuite l’histoire de Tom, écrivain incompris à l’imagination fertile, mais dépourvu de la notoriété suffisante pour vivre de son art. C’est, surtout, leur rencontre autour d’un kidnapping, débouchant sur un improbable projet pour sortir de la précarité, au parfum très « feel good book ».

📚 Ce que j’en retiens...

Pépite belge de la rentrée littéraire 2019. Véritable satire sociale à la sauce Gunzig. A la fois cocasse, rythmé et déjanté, ce roman évoque avec justesse et réalisme toute une série de préoccupations fondamentales : la précarité des familles monoparentales, l’argent, la littérature, le statut d’écrivain, ainsi que l’effacement de la morale dans certaines situations désespérées. Bref, une révolte littéraire grandiose !

📚 Une citation soulignée...

« Il tenta de réfléchir comme s’il était un personnage de roman feel good. S’il était un personnage de ce genre de roman, son histoire commencerait juste maintenant, au moment où il croit que tout est perdu. Ce serait l’histoire d’un homme qui a touché le fond mais qui, en arrosant ses plantes, prend conscience que la vie vaut la peine d’être vécue ».

📚 Autour du roman…

Finalement, la réflexion sur le style « feel good book » est assez ironique et nébuleuse au sein du roman. L’auteur résuma son point de vue dans la presse : « une des caractéristiques du feel good, c’est qu’il ne remet pas en question le monde tel qu’il est, la société. (…). Ce qui me fait dire que le feel good est un peu réac, conservateur. On ne touche pas au monde, c’est toi qui dois changer, t’adapter. J’aime les romans révolutionnaires qui disent : ne change pas, change le monde » (Le Soir, 24 août 2019).

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VINAU Thomas - Fin de saison

 Fin de saison est un roman de l’écrivain français Thomas VINAU (1978-). Gallimard, 2020, 176 pages.

📚Au commencement…

Seul chez lui, alors que son épouse et ses enfants sont de sortie, un certain Victor se retrouve plongé dans un film catastrophe. La fin du monde semble être arrivée. Coupure d’électricité, bourrasques, orage, vitres qui éclatent, sans compter les oiseaux qui se fracassent sur les murs. En ayant tout juste le temps d’embarquer son grotesque kit de survie, son chien et son lapin, Victor se précipite dans sa cave pour y trouver refuge, solitude et boisson réconfortante…

📚Ce que j’en retiens...

Première rencontre avec l’auteur, assez décevante… Pourtant, avec cet anti-héros désabusé reclus au fond d’une cave, les ingrédients étaient réunis pour passer un moment noir, drôle, loufoque, philosophique.  Malheureusement, le personnage est une caricature et ses réflexions n’ont pas de véritable profondeur. Pire, sa grossièreté primaire gâche tout effet comique et lui enlève sa crédibilité. A moins d’aimer être au comptoir du bistrot pipi-caca-poils-dysenterie, l’on passera son tour…

📚Une citation soulignée...

« Y a ceux qui lisent la position du soleil dans le ciel et ceux qui lisent la position de leur cul sur la chaise, on a tous nos petits repères dans la grande jungle du jour ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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COETZEE J.M. - L'abattoir de verre

L’abattoir de verre est un roman/recueil de l’écrivain australien J.M. COETZEE (1940-). Editions du Seuil/Points, 2018, 113 pages.

📚Au commencement…

Élisabeth Costello, écrivaine, 2 enfants, prend conscience qu’elle arrive à l’automne de sa vie. Tout en défendant sa liberté et son autonomie dans la manière d’aller vers « une belle mort », elle souhaite transmettre le souvenir de sa préoccupation de justice envers les animaux. Les 7 fragments du roman, qui peuvent se lire de manière isolée, portent en symbiose les réflexions universelles du vieillissement, des inquiétudes familiales, de la souffrance, ainsi que du rapport entre existences humaines et animales.

📚Ce que j’en retiens...

Une prose distinguée, raffinée, épurée. Malgré la complexité des sujets évoqués, le texte fait l’objet d’une économie de mots et respecte l’espace du lecteur face à la gravité ambiante. La thématique animale peut s’appréhender comme réflexion commune au sujet de l’existence, du vivant, mais aussi comme métaphore de la gestion du vieillissement : le sort réservé à certains de nos aînés, loin des regards et des consciences, est-il plus enviable que celui d’un animal conduit vers l’abattoir ?

📚Une citation soulignée...

« La caméra, la nuit dernière, suivait sur le tapis roulant un petit poussin en particulier. « Alors voilà à quoi ressemble la vie ! » se disait-il. « Troublant, mais pas trop exigeant jusqu’à présent ». Deux mains le soulevaient, écartaient le duvet entre ses cuisses, le replaçaient sur le tapis roulant. « Que de tests ! » se disait-il. « J’ai l’impression que j’ai réussi celui-là ». Le tapis continuait de rouler. Courageusement il se laissait porter, affrontant l’avenir et tout ce que signifie l’avenir ».

📚Autour de l’œuvre…

J.M. Coetzee a reçu le prix Nobel de littérature en 2003.

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MOSHFEGH Ottessa - Nostalgie d'un autre monde

Nostalgie d’un autre monde est un recueil de nouvelles de l’écrivaine américaine Ottessa MOSHFEGH (1981-). Fayard, 2020, 322 pages.

📚Au commencement…

14 nouvelles qui mettent en scènes des personnages contemporains, tous plus en pièces les uns que les autres. C’est un aller-simple impitoyable vers ce que l’existence peut offrir en termes de solitudes, de frustrations, de pourrissements (littéralement) et de cheminements brisés. Il y a, cependant, des instants fugaces d’espoir, voire même de réconfort, avec la rencontre humaine comme fil rouge. Accidentels, provisoires, absurdes, ces instants laissent le gout amer de la nostalgie d’un autre monde.

📚Ce que j’en retiens...

Impressionnante découverte. Chaque nouvelle (+- 25 p.) est une pépite. C’est glauque, noir, scabreux, mais ça génère l’empathie et l’émotion tellement les personnages apparaissent profonds et impuissants. Ce réalisme social et incisif, ces déboires de tous genres, ces obsessions ratées de réconciliation avec le monde, ces possibilités avortées de l’amour, ont un parfum de désabusé à la Houellebecq, d’absurde à la Camus, de dégueulasse à la Bukowski, pour un résultat absolument savoureux.

📚Une citation soulignée...

« Maintenant qu’il traversait la pelouse de Central Park, John essayait de se remémorer le rythme précis des vagues qui s’abattaient sur la plage de l’île, l’odeur de l’océan, la magie et le danger qu’il avait senti couver sous la surface des choses. Or c’était impossible. Il était à New York. Et quand il y était, il n’y avait pas d’autres endroits sur terre. Il leva les yeux. La lune était un fin croissant, une virgule, un cil dans le ciel noir sans étoiles ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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de VILLIERS Pierre - Qu'est-ce qu'un chef ?

Qu’est-ce qu’un chef ? est un est un essai du général français Pierre de Villiers (1956-). Fayard/Pluriel, 2019, 267 pages.

📚Au commencement…

Après 43 années passées au service des armées françaises, le général de Villiers partage divers conseils en matière de gouvernance, d’exercice des responsabilités et de motivation d’équipes. Deux postulats sous-tendent ses réflexions. D’une part, le fait que la vie militaire offre de nombreux enseignements pour motiver et diriger efficacement dans les sphères civiles. D’autre part, l’importance du facteur humain, du lien social et de la confiance due à chaque personne, qu’il s’agisse de soi-même ou d’autrui.

📚Ce que j’en retiens...

Très synthétiques, proches de l’aphorisme, voire du commandement, les conseils de Pierre de Villiers contiennent néanmoins une profondeur et offrent une bouffée de bon sens. Le fil rouge très humaniste de l’ouvrage place le lecteur dans un climat de confiance, de bienveillance, pour prendre un peu de hauteur avec cet homme de terrain. Les réflexions s’inscrivent dans une interprétation des réalités et enjeux de notre époque, ce qui les rend très concrètes mais leur font perdre en neutralité politique.

📚Une citation soulignée...

« Le chef est un absorbeur d’inquiétude et un diffuseur de confiance ».

📚Autour de l’œuvre…

RAS.

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RHINEHART Luke - L'Homme-dé

L’Homme-dé est un roman de l’écrivain américain Luke Rhinehart (1932-2020).

Aux Forges de Vulcain, 2019 (1971), 535 pages.

📚Au commencement…

Luke Rhinehart est psychiatre, marié et père de famille. Et pourtant, la banalité de sa vie quotidienne le plonge dans l’ennui et la dépression. Incapable d’identifier l’issue adéquate pour s’en sortir, il décide de s’en remettre au Hasard. Les dés vont régir ses choix de vie et démultiplier sa personnalité, peu importent les conséquences. Cette Révélation va devenir un puissant tourbillon libératoire pour Luke, impactant ses confrères, ses patients, sa famille, ainsi que les principes mêmes de toute vie en société.

📚Ce que j’en retiens...

Texte fascinant, dont on ne peut sortir indemne. Loin d’une banale histoire d’un mec qui pète les plombs, les enjeux sont percutants sur le plan psychologique. Une lecture qui est donc bouleversante, ponctuée d’humour noir et frappant de plein fouet le « culte de la personnalité » et les convenances sociales de tous genres. En revanche, le texte tire légèrement en longueur et certains passages assez obscènes ne ménagent pas les âmes sensibles. Mais il s’agit probablement de la pure volonté des Dés...

📚Une citation soulignée...

« Les souffrances que peuvent causer les actions que nous imposent les dés ne sont rien, si on les compare directement à celles causées par les hommes normaux, civilisés. Les personnes-dé sont des dilettantes du mal. Ce qui vous dérange, vous autres, je crois, c’est de voir un moi qui n’est pas manipulé par ses propres motivations, mais par les motivations des dés. Ce qui vous scandalise, c’est que les souffrances qu’il nous arrive de provoquer vous semblent gratuites. Vous préférez les souffrances intentionnelles, cohérentes, solides et structurées. L’idée que nous créons de l’amour parce que les dés nous l’ont ordonné, que nous exprimons de l’amour, que nous éprouvons de l’amour par pur hasard, cette idée déchire l’étoffe dont est faite l’illusion de la nature humaine ».

📚Autour du roman…

L’œuvre est présentée comme une autobiographie. Néanmoins, Luke Rhinehart est un pseudonyme. La véritable identité de l’auteur, qui n’est nullement psychiatre, est Georges Cockcroft. Le fait de publier sous un pseudonyme visait à renforcer l’illusion et l’impact autobiographiques du texte. Il n’en reste pas moins que certains aspects de la vie de l’auteur ont réellement été déterminés par les dés, notamment la rencontre avec son épouse (source et plus d’infos : https://youtu.be/eVjp_bIjLYY). 

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PIVOT Bernard et Cécile - Lire !

Lire ! est un livre des journalistes-écrivains français Bernard PIVOT (1935-) et Cécile PIVOT (1957-). Flammarion/Le Livre de Poche, 2018, 175 pages.

📚Au commencement…

Bernard PIVOT, bien connu dans le grand public notamment pour ses émissions télévisées culturelles, a proposé à sa fille Cécile d’écrire sur le thème de la lecture. Il en résulte une confrontation d’expériences entre les 2 auteurs. Pourquoi lire ? Quel plaisir peut-on en tirer ? Comment choisir un livre ? Quel est l’état de confort nécessaire pour lire ? Comment ranger et offrir des livres ? Le rôle des librairies, le lien entre l’isolement et la nécessité de lire, des idées pour inciter les enfants à lire, etc.

📚Ce que j’en retiens...

Ouvrage très accessible, qui se lit rapidement et permet de passer un sympathique moment avec deux passionnés de la lecture. Les points de vue, parfois opposés, sont toujours intéressants et donnent envie de partager sa propre expérience de lecteur. Les amoureux des livres se sentiront en présence de deux nouveaux amis. Une charmante complicité familiale se dégage par ailleurs de ce livre, illustrant la puissance de la littérature, comme passion partagée, pour rapprocher les gens et souder des liens.

📚Une citation soulignée...

« Reste qu'aujourd'hui il est de plus en plus difficile de se fournir en solitude et en silence dans un monde hyperconnecté et bruyant. Les lecteurs apparaissent comme des types bizarres, un peu misanthropes, en marge, qui appartiennent encore au vieux monde du livre. Ce sont presque des dissidents. Ils échappent aux caméras. Ils jubilent d'être hors contrôle de tous les détenteurs d'autorité. La lecture est une "subversion en douce", dit Régis Debray. La France insoumise est d'abord celle des lecteurs. »

📚 Autour du roman…

RAS.

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CARO Fabrice - Broadway

Broadway est un roman de l’écrivain français Fabrice CARO (1973-). Gallimard, 2020, 194 pages.

📚 Au commencement…

Axel, 46 ans, marié et père de famille, subit son quotidien : les invitations prématurées au dépistage du cancer colorectal, la tyrannie des barbecues de voisinage, les vacances à faire du paddle, les enfants qui abandonnent les Playmobil pour dessiner leurs professeurs en train de copuler, ... Face à cette réalité foireuse, face à de telles désillusions, Axel s’en va vers le chemin de la liberté et des possibles.

📚 Ce que j’en retiens...

Génial ! Avec cette interprétation cocasse et farfelue de quelques tracas d’un bon père de famille désabusé, l’efficacité du style Caro sur le plan de l’humour est implacable. Derrière l’amusement immédiat de l’intrigue, l’œuvre contient une certaine profondeur humaine et invite à l’empathie. L’histoire est touchante et procure une envie de liberté, de prendre le large, de considérer les futilités du quotidien avec dérision, même si le sérieux et la fatalité de la vie sociale ne sont jamais bien loin.

📚 Une citation soulignée...

« Ces derniers temps, je me réveille toutes les nuits à 3 h 15 du matin pour aller uriner, et je suis chaque fois bluffé par la constance de cet horaire, toutes les nuits, invariablement, 3 h 15 pile, comme si ma prostate était pourvue d'une horloge interne, comme si j'étais affublé d'une sorte de super-pouvoir, mais un super-pouvoir qui ne servirait pas à grand-chose, on imagine assez mal les studios Marvel en faire une adaptation. La journée, il est Axel, un employé discret et sans histoires, mais dès qu'arrive la nuit, il devient...Urinor ! Le super-héros qui se lève pour faire pipi à 3 h 15 pile, le monde du crime n'en sortira pas indemne. ».

📚 Autour du roman…

Dans le parfait prolongement du roman précédent de l’auteur (Le discours). A lire et relire !

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LE TELLIER Hervé - L'anomalie

L’anomalie est un roman de l’écrivain français Hervé LE TELLIER (1957-). Gallimard, 2020, 327 pages.

📚 Au commencement…

En 2021, entre Paris et New-York, divers personnages très singuliers se trouvent dans un même avion à subir une violente turbulence. A cette occasion, une « anomalie » se produit avec des conséquences qui relèvent manifestement du paranormal. Après l’atterrissage, l’improbable et loufoque protocole « 42 » est déclenché. Le FBI se charge de retrouver et d’interpeller chaque passager. Chacun se retrouve alors littéralement confronté à lui-même, à sa propre existence, voire à propre vacuité.

📚 Ce que j’en retiens...

La première partie peut sembler sans fil rouge, car elle consiste à rencontrer successivement de nombreux protagonistes. Néanmoins, le puzzle s’assemble peu à peu et l’intelligence de l’ensemble se dévoile. Comme les personnages, le lecteur ne peut que se confronter à lui-même. Il y a de la mélancolie, du doute, de l'amour, de la remise en question. L’humour assez fin, parfois totalement désabusé, permet de garder le sourire durant toute la traversée de cette inoubliable turbulence.

📚 Une citation soulignée...

« Miesel, qui peut sembler absent et distant, a la réputation d’un homme d’humour, malgré tout. Mais un homme d’humour digne de ce nom ne l’est-il pas toujours "malgré tout" ? ».

📚 Autour du roman…

Goncourt 2020.

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ERICSDOTTER Åsa - L'épidémie

L’épidémie est un roman de l’écrivaine suédoise Åsa ERICSDOTTER (1981-). Actes Sud, 2020, 425 pages.

📚 Au commencement…

Johan Svärd, Premier ministre suédois très populaire aux allures de jeune cadre dynamique, lutte avec obsession contre « son fléau » : l’obésité. Avec la force démocratique du Parti de la Santé, une série de mesure sont établies : transformation des églises en salles de sport, licenciement des personnes en surpoids, majorations d’impôt, chirurgie obligatoire pour les bébés, etc. La disparition inexpliquée de nombreux citoyens en surpoids sera le symptôme d’une inconcevable dérive de ce régime politique…

📚 Ce que j’en retiens...

Le roman porte une réflexion très percutante sur les enjeux (et dérives) politiques de santé publique, ainsi que sur la stigmatisation de certaines personnes. Et cela, sans donner de maux de tête. En effet, il s’agit avant tout de l’histoire d’une simple rencontre entre un personnage un peu paumé (Landon Thomson-Jaeger) et sa nouvelle voisine (Héléna). Si le texte ne donne pas de maux de tête, les haut-le-cœur figurent cependant parmi les effets indésirables fréquents.

📚 Une citation soulignée...

« Mieux valait des citoyens non contestataires atteints de troubles alimentaires. Des anorexiques et des boulimiques qui se vengeaient sur leur corps plutôt que sur la société ».

📚 Autour du roman…

RAS.

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DICK Philip K. - Radio libre Albemuth

Radio Libre Albemuth est un roman de l’écrivain américain Philip K. DICK (1928-1982). Denoël, Folio SF, 1985, 379 pages.

📚 Au commencement…

Dès qu’il s’assoupit, Nicholas Brady reçoit des messages et visions étranges, voire mystiques. Déterminé à suivre leurs révélations, il déménage et change d’emploi. De profondes discussions avec son ami Phil Dick, écrivain de science-fiction, laissent un flou autour de l’origine de ces phénomènes. Leur efficacité est néanmoins stupéfiante et leur finalité immédiate s’éclaircit : organiser la résistance contre le Président Ferris F. Fremont et sa milice chargée d’inspecter la loyauté du peuple américain.

📚 Ce que j’en retiens...

Un texte étonnamment limpide en comparaison à d’autres romans de l’auteur, qui contient un florilège de thèmes habituels du genre : la précognition, l’inconscient programmé, le statut d’enfance de l’humanité, l’aide qu’elle reçoit de « l’extérieur » pour son évolution, les capacités cachées du cerveau, la fusion des esprits, etc. S’y ajoutent des enjeux religieux surprenants… L’intrigue de résistance politique rend tout cela véritablement concret, très contemporain et  palpitant !

📚 Une citation soulignée...

« C’était comme si les étoiles s’exprimaient alors que j’étais assis dans la nuit glaciale, tout seul si l’on faisait abstraction du chat, qui ne se trouvait de toute façon dehors que par habitude ; tous les soirs, Pinky s’installait sur le garde-fou du patio et communiait comme j’étais en train de le faire, mais sur une plus longue période, une période couvrant toute sa vie d’adulte. En l’observant, je comprenais maintenant qu’il puisait des informations dans la nuit, de la nuit, de la structure clignotante qui se dégageait à la lueur des étoiles. Il était intimement soudé à l’univers tout le temps qu’il restait assis là, comme moi, à regarder le ciel en silence ».

📚 Autour du roman…

Le roman fut publié à titre posthume en tant que prélude à la « trilogie divine » de l’auteur, qui est composée de SIVA (1978), de L'Invasion divine (1980) et enfin de La Transmigration de Timothy Archer (1982). Par ailleurs, le roman fut adapté au cinéma (2010).

Il y a donc de quoi prolonger cette fascinante aventure… ☺️

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VAN REETH Adèle - La vie ordinaire

La vie ordinaire est un livre de la philosophe française Adèle VAN REETH (1982-). Gallimard, 2020, 188 pages.

📚 Au commencement…

Que faire lorsque la vie ordinaire est un problème ? Pour la narratrice, l’étudier philosophiquement. Et donc la définir. Car il ne s’agit pas de la vie quotidienne, ni d’une vie banale. Il s’agit plutôt d’expériences de violente lucidité quant à l’irrémédiable, à la finitude, qui empêchent d’habiter pleinement l’existence. Refusant la fuite, la narratrice choisit de mener un combat intellectuel à l’aide des vertus de l’écriture. Cela en étant reliée au concret, par sa grossesse et l’accouchement de son enfant.

📚 Ce que j’en retiens...

Un texte grave, à la croisée du roman, de l’essai et du témoignage. Un intérêt pour la philosophie est indispensable pour l’apprécier à sa juste valeur, l’auteure invoquant des références célèbres (Camus, Sartre, Pascal, etc.) voire plus réservées (Emerson, Cavell, etc.). La lecture reste néanmoins assez fluide grâce au contexte familial très contemporain de la narratrice. Il en résulte un questionnement assez tragique sur nos existences, sans aucune pincette et avec l’humilité de ne pas imposer de réponses.

📚 Une citation soulignée...

« (…) comment ne pas être malade devant cette gratuité totale de l’existence ? Sans moi, le monde ne tournerait pas moins rond, j’existe sans raison, j’existe, tout simplement, et si je n’en fais rien, c’est-à-dire si je ne crée pas à partir de ma propre vie, si je n’en fais pas le récit, ma mort sera la dissolution certaine et immédiate de ce que j’ai été dans ce qui n’est plus, et il n’y aura aucune différence entre ma vie et cette racine de marronnier. A moi aussi, ça me donne envie de vomir. ».

📚 Autour du roman…

RAS.

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CLARKE Arthur C. - Les enfants d'Icare

Les enfants d’Icare est un roman de l’écrivain britannique Arthur C. CLARKE (1917-2008). J’ai Lu, 1954, 253 pages.

📚 Au commencement…

Au milieu du XXe siècle, l’humanité reçoit de la visite. Des nefs extraterrestres apparaissent inopinément et se stationnent au-dessus de plusieurs métropoles. En un clin d’œil, les « Suzerains » apaisent tous les conflits et maux de l’humanité. Cela, sans dévoiler leur apparence ni fournir d’explications quant à leurs objectifs. Fatalement, certains humains en arrivent à se noyer dans l’ennui, à douter de cette bienveillance des Suzerains, et, plus fondamentalement, à vouloir comprendre à tout prix.

📚 Ce que j’en retiens...

Roman stupéfiant. Texte bref et qui va droit au but, mais dont chaque rebondissement peut générer des heures de divagations. En ces quelques pages, sur une période d’environ 150 ans, le lecteur est transporté des agitations terrestres vers des centres de recherche au fond des océans, avec quelques balades dans la Voie lactée. Au final, un atterrissage inattendu au crépuscule de l’humanité, offrant une nouvelle perspective de l’immensément grand.

📚 Une citation soulignée...

« La race humaine s’employait trop intensément à savourer sa toute jeune liberté pour porter son regard au-delà des délices du présent. On vivait enfin en Utopie et la nouveauté de cette situation n’était pas encore en butte aux assauts de l’ennemi suprême de toutes les utopies : l’ennui ».

📚 Autour du roman…

L’œuvre, dont le titre original est Childhood’s end, a manifestement inspiré, au moins partiellement, le groupe Pink Floyd pour leur excellent titre du même nom. Plusieurs éléments de la chanson et de son clip (https://www.youtube.com/watch?v=SnTz09-nk9c) rappellent l’univers du roman. Par ailleurs, en 2015, le roman a été adapté en mini-série (Childhood's End : Les Enfants d'Icare). Le titre de la traduction française fait manifestement référence, quant à lui, à Icare de la mythologie grecque.

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MALTE Marcus - Aires

 Aires est un roman de l’écrivain français Marcus MALTE (1967-). Zulma, 2020, 488 pages.

📚 Au commencement…

Un descendant de l’humanité souhaite informer ses semblables de ce qu’était l’existence humaine à l’entame des années 2000, une ère présentée comme « le début de la fin ». Sa méthode : ouvrir un portail vers les pensées intérieures de divers protagonistes d’époque. Ces spécimens se trouvent sur diverses aires et sections d’autoroutes, lors d’une même journée d’août. Il en résulte un voyage immersif dans l’ère de l’individu, de la domination, du marketing, de la solitude, de l’autodestruction.

📚 Ce que j’en retiens...

Une œuvre puissante, parfois drôle mais très noire, d’une qualité d’écriture percutante. L’auteur nous plonge dans ce que la vie peut offrir de plus acide, en compagnie de personnages très contemporains, très seuls, que la société a réussi à mettre en pièces. Avec de la hauteur, outre la critique sociale, cette portion de voyage mène à un questionnement plus abstrait sur le sens de la vie quotidienne, sur la liberté individuelle, sur les réalités métaphysiques à la source de tous nos destins qui s’entrecroisent.

📚 Une citation soulignée...

« Après, avec le recul, on se rend compte qu’on ne contrôle pas grand-chose, finalement. Métaphore fluviale : la vie coule, la vie avance et on suit le courant, on s’accroche, un petit coup de gouvernail à droite, à gauche, un petit coup d’avirons pour éviter les plus gros rochers, on prend l’eau, on écope, on serre les fesses dans les rapides, on rame dans les bassins stagnants, on navigue à vue la plupart du temps et on essaye simplement d’atteindre la mer. Ce qui est assez juste. Mais cette mer qu’on s’efforce de rejoindre, qu’est-ce que c’est ? Est-ce la fin du voyage ou le commencement d’un autre ? Est-ce l’ultime destination – la même pour tous ? Est-ce que cela importe ? Comme le dit cet homme, assis à ses côtés, n’est-ce pas uniquement le chemin qui compte, et non le but ? Le chemin est-il le but en soi ? »

📚 Autour du roman…

RAS.

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HJORTH Michaël et ROSENFELDT Hans - Recalé

Recalé  est un roman des écrivains suédois Michaël HJORTH (1963-) et Hans ROSENFELDT (1964-). Actes Sud, 2020, 426 pages.

📚Au commencement…

Sven Canon (pseudonyme) est désabusé par la médiatisation de la bêtise et de la superficialité. Il décide d’agir. Pour cela, il kidnappe successivement plusieurs icônes de notre époque, pour les soumettre à un test de culture générale. Selon son résultat, la victime sera recalée ou reçue. Les recalées auront droit à un bonnet d’âne et à la performation du crâne par un pistolet d’abattage. Qui est ce Sven Caton ? Sa méthode pourra-t-elle atténuer la soi-disant décadence de notre société ?

📚Ce que j’en retiens...

Une intrigue addictive et bien ficelée. La conviction du meurtrier, à savoir la prétendue disparition de la société de la connaissance au profit de la bêtise et la superficialité, est à sa juste place. Ni trop présente – il s’agit d’un polar/thriller et non d’un essai – mais assez exploitée pour que le lecteur soit poussé à la réflexion et au doute. Par contre, les nombreuses digressions sur les déboires familiaux et romantiques de l’équipe policière manquent d’intérêt si le roman est lu isolément des autres tomes.

📚Une citation soulignée...

« Cela ne voulait en aucune façon dire qu’elle était bête, au contraire, elle était intelligente, mûre, empathique, drôle, mais ce type de connaissance encyclopédiques, elle ne l’avait pas. (…) Mais elle avait autre chose. Une confiance en elle, une curiosité. Les situations nouvelles ne lui faisait pas peur, elle avait la conviction que tout était possible, une énergie qui pourrait la mener loin. Probablement plus loin que les connaissances sur lesquelles les victimes avaient été testées ».

📚Autour du roman…

L’esprit du roman peut faire penser au film God bless America (2012), dans lequel un américain moyen, totalement déçu des travers superficiels de son époque, en vient à tomber dans un engrenage meurtrier. La bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=41wE7FMH2tM

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BORIS Hugo - Le courage des autres

Le courage des autres est un roman de l’écrivain français Hugo BORIS (1979-). Grasset, 2020, 170 pages.

📚 Au commencement…

En 2007, Hugo Boris, tout juste ceinture noire de karaté, découvre qu’il manque pourtant cruellement de courage dans certains moments violents ou anxiogènes de la vie quotidienne. Il se réfugie en effet dans un statut de spectateur, en subissant son angoisse et son incapacité d’agir. Lors de ses voyages en transports en commun, il établit alors peu à peu un « herbier » consignant ces scènes de frustration, dans lesquelles les autres font preuve de l’audace qui lui fait malheureusement défaut.

📚 Ce que j’en retiens...

Outre l’introduction, le roman est une succession de petites scènes vécues dans les transports en commun. L’on y rencontre la violence, l’ivrognerie, le harcèlement, la pauvreté, les incivilités et toute une série de situations qui interrogent notre propre capacité de courage. Chaque scène est racontée en toute simplicité, avec humour, cocasserie et toujours avec empathie et humanité. Un livre terriblement addictif et trop court, qui gagne évidemment à être lu dans les transports en commun !

📚 Une citation soulignée...

« La communauté humaine qui se rassemble pour cette épopée quotidienne donne à voir le meilleur et le pire d’elle-même. Mais dans ce pire, il suffit du courage d’une seule personne pour la racheter. Il s’en trouve quelques-uns dans cet herbier, des hommes ou des femmes, pour relever tous les autres. Qu’ils soient ici célébrés ».

📚 Autour du roman…

RAS.

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CHANTRAINE Olivier - De beaux restes

De beaux restes est un roman de l’écrivain français Olivier CHANTRAINE (1971-). Gallimard, 2020, 211 pages.

📚 Au commencement…

Comme chaque année, une poignée d’amis septuagénaires se rend pour quelques mois dans un quartier de détente en bord de Méditerranée. L’ombre de Bob, leur ami de longue date décédé quelques jours auparavant, les accompagne durant leur séjour et provoque quelques remous dans les esprits de chacun, en particulier de Richard, un écrivain désabusé. Le groupe devra gérer les méfaits du temps qui passe, ainsi que l’arrivée inopinée d’un jeune couple dans leur coin sacré de tranquillité.

📚 Ce que j’en retiens...

L’auteur atténue l’esprit déjanté présent dans son excellent premier roman (un élément perturbateur), avec une atmosphère plus grave, humainement profonde, teintée de mélancolie. Il plonge le lecteur parmi un groupe de personnages très attachants. Leurs maux et non-dits créent de l’empathie. Leurs espoirs et moments de sagesse, voire de folie, procurent du réconfort. L’on sort de ce roman comme l’on quitte de vieux amis : avec l’émotion des bons moments, qui adoucit la peur de leur disparition prochaine.

📚 Une citation soulignée...

« Arrête tes mièvreries mon petit Richard, et profite, profite merde, lui reprocha la voix de Bob. Mange. Bois. Montre que tu es vivant. Aime. Offre ce que tu as à offrir. Jette tes dernières forces dans la bataille. Honore la vie tant qu’elle est en toi. Tu préférerais être à ma place. Seul. Sans vous. Tu crois que je me morfondrais comme un con, passe-moi l’expression, si j’étais encore parmi vous ? ».

📚 Autour du roman…

RAS.

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SCHULZE Ingo - Peter HOLTZ, autoportrait d’une vie heureuse

Peter HOLTZ – Autoportrait d’une vie heureuse est un roman de l’écrivain allemand Ingo SCHULZE (1962-). Fayard, 2019, 507 pages.

📚Au commencement…

Le roman commence en RDA, où nous rencontrons le héros, Peter Holtz. Peter est un jeune activiste communiste, rempli d’idéalisme. A la suite de divers aventures, Peter se retrouve à fréquenter des imminences politiques durant la période de la chute du mur de Berlin. Par la suite, ses idéaux communistes sont confrontés à la logique du capitalisme, qui fera de lui un homme riche. Peter doit alors trouver un moyen digne et authentique de gérer toute cette richesse.

📚Ce que j’en retiens...

Un roman globalement picaresque mais qui, malgré les promesses affichées par l’éditeur, n’est pas véritablement amusant ni drôle. Les dialogues sont par moment assez difficiles à suivre, à moins, peut-être, de se plonger au préalable dans le contexte historique et politique de la réunification allemande. En marge de l’histoire, quelques réflexions intéressantes sur les idéologies du XXème siècle, sur le marché de l’art et sur l’économie de marché : en soi, des thèmes douteux pour amuser la galerie…

📚Une citation soulignée...

« Nous vivons déjà dans un monde nouveau. Il est nouveau parce que nous le tenons pour transformable et c’est pourquoi nous avons commencé à nous transformer nous-mêmes, à nous transformer mutuellement. C’est en nous, avec nous et parmi nous que ce monde nouveau est né. Ce qui nous paraissait hier encore étranger et inaccessible est aujourd’hui à portée de main et nécessaire, et sera demain évident et quotidien. ».

📚Autour du roman…

RAS.

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